Compte-rendu de la Jec’SIC 2016 : Penser l’interdiscursivité

Le 14 janvier 2016 s’est tenue une journée d’étude réunissant chercheurs et doctorants souhaitant échanger sur la notion d’interdiscursivité. Sous l’impulsion d’Hélène Piment, de Elmira Prmanova, de Mathias Valex, de Thomas Bihay et de Solange Kurpiel, tous membres d’Alec-SIC, plusieurs intervenants ont été conviés à présenter leurs travaux.

Conférence : L’interdiscours : petits exercices de conjugaison

Cette journée s’est ouverte avec une présentation et une mise en perspective du concept d’interdiscours. Annelise Touboul (Elico, MCF université Lyon 2) a pu mettre en lumière et questionner les enjeux contemporains que revêt l’interdiscursivité. Elle a également insisté sur la pluralité des modalités de lecture qu’implique tout discours politique. Ces propos ont agréablement introduit la première session de communication.

Session de communication 1 : Histoire, intertextualité et interdiscursivité
Cette première session, animée par Simon Gadras (Elico, MCF université Lyon 2), a vu intervenir Thomas Franck de l’Université de Liège puis Chahnez Adda de l’Université Alger II.

Le topos de l’action comme interdiscours des Temps Modernes et de Critique : L’interdiscursivité face aux concepts deleuziens

Thomas Franck (université de Liège) a pu exposer son travail concernant le discours social, de 1944 à 1946, à travers les deux revues que sont Temps Modernes et Critique. Celles-ci portent un interdiscours spécifique en ce sens qu’il s’inscrit dans un rapport axiologique opposant engagement militant et questionnement réflexif.

Quand les oeuvres dialoguent : analyse de la pratique intertextuelle dans les romans de Maïssa Bey

Chahnez Adda (université Alger II) a rendu compte de son analyse du roman Cette fille-là de Maïssa Bey. On peut trouver dans ce livre des intertextes faisant référence à Nedjma de Kateb Yacine. L’étude de cette « intertextualité implicite » soutient deux thèses. La première est que le roman de Maïssa Bey véhicule la revendication d’une identité pour les femmes. La seconde est qu’il porte la revendication d’une identité nationale, en ce sens que l’héroïne du récit est comme une allégorie de la nation algérienne.

Conférence : La notion d’interdiscours en sciences de l’information et de la communication
Après le déjeuner, Eva-Marie Goepfert (Elico, MCF université Lyon 2) a habilement commenté et restitué l’article Interdiscours et intertexte (Paveau, 2010). Cette intervention a rappelé, entre autres choses, le rôle de Michel Pêcheux (1975) dans l’évolution de la définition du terme « interdiscours ».

Session de communication 2 : Dialogisme et interdiscursivité
C’est durant cette deuxième session de communication, animée par Sarah Cordonnier (Elico, MCF université Lyon 2), que Marie Baraud de l’Université Lyon 2 est intervenue.

Dialogicité dans le récit de vie en psychologie : analyse du parcours migratoire de médecins diplômés à l’étranger

Marie Baraud (SIS, université Lyon 2) a décrit en s’appuyant sur son travail ayant pour objet les processus identitaires intervenant au cours de la trajectoire de médecins formés à l’étranger, les éléments liés à la dialogicité présents dans les récits de vie desdits individus. Sa présentation soulignait notamment le caractère polyphonique de « l’identité dialogique » (dialogical self) présentée à travers plusieurs exemples.

Session de communication 3 : Interdiscursivité et discours politique
La dernière session de communication, animée par Valentyna Dymytrova (Elico, Docteure associée), a consisté en une communication de Camille Bouzereau de l’Université Nice Sophia Antipolis.

De l’interdiscours à la doxa projetée dans les discours de campagne présidentielle de Marine Le Pen (2011-2012)

Camille Bouzereau (BCL, université Nice Sophia Antipolis) est intervenue pour exposer l’hypothèse qu’elle étudie, à savoir l’existence de trois stratégies discursives utilisées par le Front National : assimiler le discours des adversaires politiques, réécrire ces discours et enfin les opposer à un contre-discours produit à cette fin. Pour cela, elle a présenté le travail d’analyse qu’elle a effectué sur plusieurs discours de Marine Le Pen.

Synthèse de la journée

La journée d’étude s’est terminée par une mise en perspective des propos tenus tout au long de la rencontre. C’est Isabelle Garcin-Marrou (Elico, PR Sciences Po Lyon) qui a habilement fait écho à la présentation d’Annelise Touboul (Elico, MCF université Lyon 2), nous forçant à questionner notre rapport à la notion d’interdiscursivité.

Cette journée d’étude semble en tous points un succès et a contribué à confronter des travaux issus de disciplines diverses. Les échanges ont été fructueux, riches, agréables et constructifs, marqués par de nombreuses questions et remarques faisant suite à chaque présentation.

Texte par Boris Raoult
Photos par Solange Kurpiel

26 mai 2016 à Lille : Journée Jeunes Chercheurs en SIC GERiiCO

Les doctorants du laboratoire GERiiCO organisent le 26 mai prochain à Lille la dixième édition de la Journée Jeunes Chercheurs en SIC.
Un appel à communication vient d’être diffusé, toutes les informations utiles se trouvent sur le site web consacré à cette journée.
L’appel s’adresse aussi bien aux doctorants en début qu’en fin de thèse. Les communications pourront se faire en français ou en anglais. La rencontre se déroulera sous forme de communications orales et les intervenants bénéficieront de remarques de la part de chercheurs du laboratoire GERiiCO.
Les propositions doivent être envoyées avant le 21 mars 2016.

Analyses et perspectives de la trivialité

Le nouveau numéro de la revue Communication & Langages (n°185) – « Analyses et perspectives de la trivialité » – vient de paraître.

Thomas Bihay – membre d’Alec-SIC – a contribué à ce numéro dans un article intitulé « Publicité en série : lorsque la marque se raconte sur le web » et co-écrit avec Frédéric Aubrun.

Dans cet article, les deux auteurs questionnent « la « mise en récit » des marques au sein de l’espace numérique à travers l’exemple des webséries de marque ».

Félicitations Thomas !

Jec’SIC 2016 le 14 janvier 2016 : Penser l’interdiscursivité

Alec-SIC organise le 14 janvier 2016 à Lyon la prochaine édition de ses journées d’étude, Jec’SIC. Elle sera consacrée à la notion d’interdiscursivité.

Après avoir lancé un appel à communication, nous avons établi un programme détaillé, qui, nous l’espérons, vous donnera envie de venir discuter avec les intervenants de cette nouvelle édition.

Les inscriptions sont gratuites et ouvertes jusqu’au 07 janvier 2016.

Le déjeuner à midi est libre, mais vous pouvez, si vous le souhaitez, vous joindre aux intervenants et au bureau Alec-SIC. Dans ce cas, Alec-SIC prendra en charge une partie de votre repas, tout est expliqué sur le formulaire d’inscription.

Consultez également les informations pratiques pour connaître le lieu exact et le moyen de vous rendre à notre journée d’étude.

Au plaisir de vous accueillir nombreux le 14 janvier prochain !

28 novembre 2015, bibliothèque de la Part-Dieu : Ensemble pour préserver la mémoire

Ce samedi 28 novembre, de 14h à 17h45, est organisée une rencontre avec le public de la BML, prélude à une journée scientifique qui clôturera le projet RESPIRA.

RESPIRA est l’acronyme de Recueil et sauvegarde du patrimoine industriel de la région Rhône-Alpes, il s’intéresse à deux usines : Rodiacéta, à Vaise et TASE, à Vaulx-en-Velin.
Le projet est piloté par des chercheurs du laboratoire Elico et mené en collaboration avec deux associations et la BML.
Les deux usines, spécialisées dans la production de textile artificiel, ont connu, à partir de leur fermeture au début des années 1980, un destin différencié dans une dialectique mémorielle de patrimonialisation-conservation/démolition-effacement.

Le trésorier d’Alec-SIC, Mathias Valex, participe à ce projet de recherche et interviendra durant la rencontre du 28 novembre.

Les détails figurent sur cette page. La rencontre est gratuite et ouverte à tous.

Publication des actes des doctorales de la SFSIC 2015

Les actes des doctorales de la SFSIC 2015, qui se sont déroulées à Lille les 21 et 22 mai 2015, sont désormais accessibles en ligne.

Lors de celles-ci, Hélène Piment (Présidente Alec-SIC) et Elmira Prmanova (secrétaire Alec-SIC) ont toutes deux présenté une communication sur leur sujet de recherche respectif. Hélène Piment s’est ainsi exprimée sur l’analyse des interactions entre les éléments du dispositif formé par un réseau social d’entreprise (p. 83-92). Pour sa part, Elmira Prmanova s’est intéressée à la question de l’espace public à travers une analyse des discours de presse relatifs aux élections présidentielles au Kazakhstan (p. 259-269).

Elmira Prmanova a également participé à une table ronde sur le rôle des associations de doctorants, lors de laquelle elle a (re)présenté notre association.

Enfin, Thomas Bihay a présenté un poster sur le rôle des médias locaux dans la reconfiguration du territoire de la Région Rhône-Alpes, à l’heure des industries créatives.

11 décembre 2015 : séminaire « l’écriture scientifique »

Après l’identité numérique du chercheur, dont vous trouverez le compte-rendu sur notre site, le bureau d’Alec-SIC vous propose un nouveau séminaire qui portera sur l’écriture scientifique.

Les séminaires Alec-SIC sont bimestriels.

Ils sont ouverts à toute personne intéressée par les activités d’Alec-SIC. Ils peuvent être l’occasion de nous rencontrer et de décider de rejoindre l’association.

Ce séminaire se tiendra le vendredi 11 décembre 2015 de 9h à 11h au 86 rue Pasteur à Lyon, dans la salle G112 au premier étage du bâtiment.

Identité numérique du chercheur : compte rendu de séminaire

Lors du séminaire Alec-SIC de ce vendredi 16 octobre, Hélène Piment a proposé une réflexion sur l’identité numérique du chercheur.
Cette dernière s’est déclinée en trois temps :

  • Une première partie a été consacrée à l’exploration de la notion d’identité dans ses dimensions psychologiques (Freud, 1987, cité dans Kaufmann, 2010, p. 25) et socio-anthropologiques (Goffman, 1974 ; Kaufmann, 2010). La discutante a insisté sur l’idée que l’identité relève d’un processus en mouvement perpétuel. Elle est en effet un produit des socialisations successives (Dubar, 2010, cité dans Kaufmann, 2010, p. 47), s’inscrit dans une histoire et un contexte. Pour prolonger la réflexion, Hélène a tissé des liens avec la théorie interactionniste d’Erving Goffman ainsi que celle de la reconnaissance développée par Axel Honneth.
  • La deuxième partie s’est concentrée sur l’articulation entre identité et numérique. Cette seconde notion fait référence aux données informatiques, l’information mathématique, qui codent l’information sociale (Jeanneret, 2007). Dans ce cadre, Coutant et Stenger ont démontré que l’ordre de l’interaction de Goffman est également observable sur des réseaux socionumériques (Coutant, Stenger, 2010). En effet, nous pouvons y remarquer des processus cérémoniaux similaires de valorisation de la face. De plus, l’identité numérique n’est jamais vraiment déconnectée de l’identité réelle d’un individu. Dans le numérique, l’interaction entraîne néanmoins un engagement identitaire plus prononcé du fait de l’absence de corps. Cette absence de relation en face à face nécessite une présence active sur les réseaux pour être visible, donc exister (Georges, 2009).
  • Enfin, la question de l’identité numérique du chercheur a été abordée. Le « chercheur » appelant plutôt la sphère professionnelle, son identité numérique a pour particularité de relever également des théories de la reconnaissance au travail. Or, d’après Christophe Dejours, la reconnaissance au travail doit provenir des pairs et ne doit pas porter sur l’individu en tant que tel mais sur le « faire », ses compétences professionnelles (Dejours, 2007). Quels moyens peut donc employer un jeune chercheur pour construire son identité numérique, dans ce cadre ? Un problème récurrent à l’identité numérique, qu’elle relève ou non du monde professionnel, a cependant été soulevé, qui est lié à la difficulté, inhérente à l’identité numérique, de ne pas pouvoir distinguer clairement différents contextes (Coutant, Stenger, 2010) : le parasitage éventuel de l’identité professionnelle par tous les autres signes identitaires en ligne qui sont liés à un individu. Quelques solutions ont été évoquées pour gommer ces signes « parasites » et obtenir ainsi une identité numérique professionnelle cohérente.

S’en est suivi un échange à propos des plateformes professionnelles de chercheurs en ligne (ResearchGate, Academia, etc.) et plus globalement sur les processus identitaires à l’œuvre dans l’espace numérique, dont d’éventuelles spécificités culturelles : les pratiques numériques professionnelles semblent en effet différentes, par exemple, dans le monde de la recherche au Brésil, en Inde ou en France.

Thomas BIHAY et Mathias VALEX

Références citées

COUTANT, Alexandre et STENGER, Thomas, 2010. Processus identitaire et ordre de l’interaction sur les réseaux socionumériques. In : Les Enjeux de l’information et de la communication. 2010. Vol. 2010, n° 1, p. 45–64.

DEJOURS, Christophe, 2007. Psychanalyse et psychodynamique du travail : ambiguïtés de la reconnaissance. In : CAILLÉ, Alain (éd.), La quête de reconnaissance. Nouveau phénomène social total. Paris : La Découverte/M.A.U.S.S. p. 58‑71.

DUBAR, Claude, 2010. La socialisation : construction des identités sociales et professionnelles. Paris : A. Colin.

FREUD, Sigmund, 1987. Essais de psychanalyse. Paris : Payot. Prismes, 7.

GEORGES, Fanny, 2009. Représentation de soi et identité numérique : Une approche sémiotique et quantitative de l’emprise culturelle du web 2.0. In : Réseaux. 2009. Vol. 154, n° 2, p. 165‑193.

GOFFMAN, Erving, 1974. Les rites d’interaction. Paris : Editions de Minuit.

JEANNERET, Yves, 2007. Y a-t-il (vraiment) des technologies de l’information ? Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion.

KAUFMANN, Jean-Claude, 2010. L’invention de soi : une théorie de l’identité. Paris : Fayard/Pluriel.

Message de service…

[edit : changement d’horaire !]

Pour cause de conflit d’agenda avec la toute nouvelle promo de Master Recherche en SIC + avec l’agenda des séminaires Elico, nous avons décidé de modifier la date et l’horaire de notre prochain séminaire, qui introduira cette nouvelle année universitaire.

Nous vous donnons donc rendez-vous le 16 octobre de 9h à 11h pour discuter de l’identité numérique du chercheur.

Pour ceux qui souhaitent rejoindre notre association, pensez à vous munir d’un chèque de 10 euros, à l’ordre d’Alec-SIC, ainsi vous quitterez le séminaire en tant qu’adhérent actif d’Alec-SIC 😉